La Maison des livreurs de Bordeaux : Un entrepreneur social, bastion de la résistance au capitalisme de plateformes

2025Abdourahmane Ndiaye, Sophie Boutillier

XXIVe Rencontres du Réseau Inter-Universitaire de l’Économie Sociale et Solidaire (RIUESS 2025) : L’ESS au travail ! Enquêter sur les pratiques de résistance, de transformation et d’émancipation, Chaire ESS de Lyon; Laboratoire Coactis; Laboratoire Triangle; Centre Max Weber; Sciences Po Lyon; Université Jean Monnet de St Etienne, May 2025, Lyon, France

Depuis plus d’une décennie, on assiste à une domination incontestable des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sur l’économie mondiale. Ces cinq compagnies figurent aujourd’hui parmi les sept premières capitalisations boursières mondiales, tandis qu’Uber Technologies, autre acteur du capitalisme de plateforme, qui par ailleurs constitue notre objet d’étude, n’a paradoxalement depuis sa création en 2000, enregistré un résultat positif qu’en 2013, soit 13 ans après. Les plateformes numériques, un des véhicules principaux du capitalisme de plateforme, participent de nos jours, très largement à la création d’emplois. Leur contribution poursuit une trajectoire tendanciellement ascendante (Forissier et al., 2020 ; Boutillier, 2020). Bien que l’emploi salarié se soit progressivement imposé au 20ème siècle comme la forme dominante de mise au travail, depuis le début du troisième millénaire cependant, on assiste à une inflexion de cette configuration, même si le salariat reste dominant dans les pays industriels en Europe comme aux États-Unis (Leriche, 2016). La société salariale, grâce aux luttes sociales, a fait de l’emploi salarié un statut stable et protégé (Castel, 1995). Cependant, il est remis en question aujourd’hui par le développement du processus de ce qu’il est convenu d’appeler l’« Uberisation » de l’économie (Benavant, 2016 ; Cette, 2017 ; Evans, 2017 ; Hill, 2015 ; Jacquet, Leclercq, 2016 ; Linhart, 2015 ; Veltz, 2017), dans laquelle les frontières entre salariat et travail indépendant sont de plus en plus floues (Forissier et al., 2020). Cette question du développement des plateformes numériques s’inscrit dans un processus de transformation profonde de l’organisation économique et sociale, que l’on perçoit par la part respective de l’emploi salarié et de l’emploi indépendant. Tandis que l’avènement d’Internet et du Web avaient suscité des espoirs utopiques, la consolidation du capitalisme de plateforme a plutôt alimenté une multiplicité de critiques et encouragé les prestataires à se réunir et à agir pour dénoncer leur captivité à une assignation. Ces mobilisations devraient amener les autorités publiques à jouer un rôle de régulation, comme l’illustre notamment l’adoption d’une directive européenne relative aux travailleurs de plateforme le 11 mars 2024 (consilium.europa.eu, 2024) ; ou en référence au combat mené par des travailleurs de plateformes numériques demandant la requalification de leur contrat de prestataire de service en contrat de travail et qui a porté ses fruits, puisque la Cour de cassation française a attribué en 2018 un avis favorable à ces derniers . Ce délibéré devrait être perçu comme le signal fort d’un début de régulation de ce segment du marché de l’emploi. Mais rien n’est moins sûr, même si les luttes des travailleurs des plateformes de l’économie à la demande sont devenues plus visibles, du fait de leur médiatisation. L’objet de notre proposition de communication est de saisir et d’analyser les formes de résistances organisées par un collectif de livreurs autoentrepreneurs structuré en coopérative de production. Dans une perspective de reconfiguration des spatialités, nous nous attarderons sur les caractéristiques de La Maison des Livreurs en tant que lieu symbolique, base matérielle de la résistance. L’analyse s’appuie sur une enquête monographique de La Maison des Livreurs de Bordeaux. Outre l’historique de la constitution de la coopérative, nous nous intéressons à sa gouvernance, ses logiques organisationnelles, son fonctionnement, les objectifs fixés par les coopérateurs, le sens de leur coopération forcée par l’Uberisation, les alliances nouées et leurs répertoires d’actions. La Maison des Livreurs peut être appréhendée comme une mobilisation inédite contre de nouvelles formes de relations contractuelles dans le monde du travail. Nous chercherons à montrer le sens et les perspectives de cette mobilisation.

Abdourahmane Ndiaye, Sophie Boutillier. La Maison des livreurs de Bordeaux : Un entrepreneur social, bastion de la résistance au capitalisme de plateformes. XXIVe Rencontres du Réseau Inter-Universitaire de l’Économie Sociale et Solidaire (RIUESS 2025) : L’ESS au travail ! Enquêter sur les pratiques de résistance, de transformation et d’émancipation, Chaire ESS de Lyon; Laboratoire Coactis; Laboratoire Triangle; Centre Max Weber; Sciences Po Lyon; Université Jean Monnet de St Etienne, May 2025, Lyon, France. ⟨hal-05097480⟩ (lien externe)

Citations

APA

Ndiaye, A., & Boutillier, S. (2025). La Maison des livreurs de Bordeaux : Un entrepreneur social, bastion de la résistance au capitalisme de plateformes. https://hal.science/hal-05097480v1

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Ndiaye, Abdourahmane, and Sophie Boutillier. La Maison Des Livreurs De Bordeaux : Un Entrepreneur Social, Bastion De La Résistance Au Capitalisme De Plateformes. May 2025, https://hal.science/hal-05097480v1.

Chicago

Ndiaye, Abdourahmane, and Sophie Boutillier. 2025. La Maison Des Livreurs De Bordeaux : Un Entrepreneur Social, Bastion De La Résistance Au Capitalisme De Plateformes. https://hal.science/hal-05097480v1.

Harvard

Ndiaye, A. and Boutillier, S. (2025) “La Maison des livreurs de Bordeaux : Un entrepreneur social, bastion de la résistance au capitalisme de plateformes.” Available at: https://hal.science/hal-05097480v1.

ISO 690

NDIAYE, Abdourahmane and BOUTILLIER, Sophie, 2025. La Maison des livreurs de Bordeaux : Un entrepreneur social, bastion de la résistance au capitalisme de plateformes [en ligne]. May 2025. Disponible à l'adresse : https://hal.science/hal-05097480v1

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